Ressources Pédagogiques

Petit Récapitulatif de technique vocale à l'usage des chanteurs de tous âges



Métaphore pour apprivoiser notre voix
Notre voix est comme un animal sauvage. Comme le petit prince avec le renard, on peut l'apprivoiser petit à petit, mais tout en douceur, en lui offrant la place nécessaire pour qu'elle se sente accueillie, dans un corps décontracté. Notre intelligence sert à préparer  notre corps pour que la voix s'y sente accueillie, qu'elle ait confiance, mais on ne peut pas la « dresser » ou l'obliger, sinon, elle prend peur et se crispe. Si le son n'est pas celui qu'on attend, il suffit de se poser la question : « Qu'est-ce que je n'ai pas assez préparé dans mon corps pour que ma voix puisse s'y épanouir ? » L'ancrage ? Le souffle, la place pour que le son résonne dans la bouche ? Le regard ? Le sens musical ?

Chanter ensemble
Un choeur est une équipe : il ne peut progresser que si tous les membres de l'équipe avancent ensemble.
Pour que chancun puisse se concentrer au mieux, chancun ne doit s'occuper que de lui-même en se connectant à ses sensations corporelles : si on s'adresse à l'autre, on prend le risque de le déconnecter de lui-même. Le coach de l'équipe (le chef de choeur) doit veiller à ce que chaque chanteur trouve sa place, et puisse exprimer ses gênes ou ses besoins pour se sentir mieux au sein du groupe. Ne pas hésiter à aménager un temps d'échange individuel à la fin d'une séance : le son du choeur n'en sera que plus harmonieux.

La position du corps
En observant le corps de la personne qui chante, on peut tout de suite savoir si sa voix sera épanouie ou non : Notre intelligence sert à vérifier qu'on met son corps dans les meilleures conditions possibles pour chanter.

Chanter assis
Il est tout à fait possible de chanter assis, à condition de pouvoir : être ancré au sol (les deux pieds posés au sol, assis sur le bord de la chaise et non au fond, le dos droit (c'est la cheminée du son : si le dos est rond ou tordu, le son sort difficilement), le buste dégagé.

Les notes aigues
Tout se passe avant d'arriver sur la note aigue : pendant l'inspiration précédente, préparer le moule à accueillir cette note aigue (avec beaucoup de place dans l'arrière de la bouche, le palais mou se lève comme une queue de pan). L'élan est donnée sur la « note tremplin » qui précède la note aigue. Puis on surf sur cet élan, sans ajouter d'énergie, et en cherchant à se décontracter au maximum : plus on laisse la voix faire, plus elle trouve le chemin. Plus on veut la contrôler, et plus elle se crispe.

Expression du visage
Inspiration : c'est pendant l'inspiration qu'on prépare la place pour que le son vibre. Penser à la métaphore des invités : on range la maison avant que les invités (= le son) n'arrivent.
Si on inspire décontracté, le son sera décontracté. Inspirer à la fois par la bouche et par le nez.

Le regard
Le regard est le viseur du chanteur : le son est envoyé là où le regard porte. Si le regard est vers le bas, le son tombe. Si le regard est flou, le son ne sait pas où sortir.

Soutien des phrases
(jusqu'après la fin du dernier son) : Penser à servir la dernière note sur un plateau (faire le geste avec les mains, paumes vers le ciel, en soulevant délicatement et avec grâce (comme pour l'offrir au public) la dernière note.

Onomatopées
Grâce aux jeux avec des onomatopées, on peut créer, inventer, se défouler. plus à l'aise vis-à-vis des autres.
Chacun son tour : une onomatopée accompagnée d'un geste corporel et d'une expression du visage.
Puis tout le choeur répète ce son en prenant soin.
Plus le geste est précis et conscient, plus le son sera nourri de tout ce sens : c'est comme cela qu'on ajoute de l'expressivité à notre musique.

Les consonnes
Les consonnes sont des déclencheurs d'énergie : ce sont elles qui donnent le rythme à notre phrase musicale. Prendre soin de chaque consonne d'attaque, car ce sont elles qui propulsent l'élan dont la voyelle suivant a besoin. Savourez chacune de vos consonnes : chantez « croustillant » ! Prendre soin aussi de la consonne qui conclue le son : comme une histoire qui finit bien et non pas en jus de boudin !

Scan de tout le corps, de bas en haut
Le poids également réparti sur toute la plante des deux pieds, ni trop vers l'avant, ni trop vers l'arrière
Les genoux souples
Le bassin basculé légèrement vers l'avant.
Les côtes ouvertes
Les épaules écartées (comme des ailes d'avion)
La nuque décontractée, lègèrement en arrière
La tête posée comme un balon en équilibre sur un jet d'eau
Le regard allumé
La mâchoire décontractée
Si les bras sont croisés, on emprisonne le son : pour libérer votre  voix, libérez vos bras ! (laissez-les décontractés le long du corps.

Le moule des voyelles
Les voyelles sont les couleurs du chanteur.
- La voyelle [o] : très rond, imaginer un O (un cercle) qui passe par le coin extérieur des yeux, par le menton, et par le haut du front
- La voyelle [u] (« ou »comme dans « coucou ») : c'est la meilleure voyelle pour placer sa voix en voix de tête : sentir que le son reste à l'intérieur de la tête, plutôt à l'arrière, sans forcer.
- La voyelle [i] : très vertical, et surtout pas en souriant, car si on écarte les lèvres, on écrase le son (mettre du « é » dans notre « i »)
La voyelle [a] : penser à un A majuscule formé par tout notre corps. On pourrait dire que c'est la voyelle la plus « complète » : elle contient toutes les autres voyelles (comme la lumière blanche contient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Imaginons qu'on tient un os dans la bouche (comme un chien) : le [a] doit passer par-dessus cet os comme si on sautait par-dessus une barrière, et résonner dans le haut de la bouche, pour bien faire sonner les harmoniques.

Affiner les sensations corporelles
La méthode du sandwich : (ce qu'on vise / l'inverse / ce qu'on vise)
1°) on tend vers un objectif (par exemple : chanter très lié)
2°) puis on tend vers l'objectif contraire (par exemple : chanter très détaché) et on compare la différence de sensation.
3°) on tend de nouveau vers l'objectif de départ (chanter très lié) pour comparer de manière plus consciente la différence de sensation.

La préparation corporelle
Réveiller le corps, étirer le corps pour le rendre disponible
Les épaules, les côtes, le dos, les genoux, le bassin, les pieds, le cou le crâne, les fosses nasales, les lèvres, la maĉhoire, les tempes.
Ne pas oublier le visage : allumer les yeux, faire des grimaces.
Ne pas hésiter à refaire régulièrement (et discrètement) durant la séance.
Bâiller permet de décontracter complètement le corps : cela peut être très profitable.

Améliorer le soutien (= le souffle)
L'air, c'est la nourriture (ou le combustible) de la voix : si on n'en fournit pas assez, la voix s'éteint, et se crispe (elle a faim !)
vider l'air (c'est comme rendre la page blanche)
inspirer tranquillement
expirer sur un son d'air : [s], [f], [ch]

Sirènes
Toujours très souples et très progressives, penser à la coulisse d'un trombone.
explorer les aigus, très progressivement, et ne pas oublier d'explorer les graves.

Ajuster le moule de résonnance
Mettre de la place dans la bouche, surtout vers l'arrière.
Expressions pour accompagner les vocalises
La voix contient plusieurs sons : un son fondamental et des sons plus aigus qui donnent du « brillant » à la voix.
Le but d'une vocalise est d'améliorer l'homogénéïté de la voix : qu'elle puisse avoir la même qualité (les mêmes harmoniques) aussi bien dans l'aigu que dans le médium ou le grave. Veiller à ce que l'attaque soit franche et précise, ainsi que la note finale. Bien définir si on veut que la note finale soit brêve, longue, amplifiée...

avec soulagement / avec surprise / avec délicatesse / très doux / très détaché / très lié /
de plus en plus fort / de plus en plus doux / doux-fort-doux / fort-doux-fort
Vérifier que le cou est bien décontracté en accompagnant la vocalise de petits « non » très souples avec la tête.

Vocalise 1
oui    oui    oui    oui    oui
Lou   lou    lou    lou    lou
sol      fa       mi      ré       do

Veiller à ce que l'énergie soit constante, comme un ruban qu'on déroule, et non comme des marches d'escalier qu'on descend : ça doit être le plus fluide possible (penser à la coulisse d'un trombone, très glissando et très legato).

Vocalise 2
oui    a       oui    a       a       a       a
do      sol      mi      do      sol      mi      do

On doit donner autant d'attention à la dernière note qu'aux précédentes : si on ne lui donne pas autant de place de résonnance dans la bouche (à l'arrière ET à l'avant), le son « tombe » et la note ne brillera pas, le son paraîtra « faux ».

Après la production du dernier son, tout le corps est encore ouvert : ce n'est pas le corps qui se ferme pour stopper l'émission du son mais juste l'air.

Bonne continuation à tous !

Ouassem Nkhili, juin 2011